Rapport
final
Bruxelles,
février 2019
Bonjour
et bienvenue.
Nous
étions environ 200, femmes et hommes d’Afrique, d’Amérique
latine, d’Asie, et d’Europe pour nous rencontrer du 13 au 16
décembre 2018 à Sezano (Vérone) dans le Monastère du Bien Commun.
La météo a été particulièrement favorable parce qu’elle nous a
octroyé de splendides journées de soleil.
Nous
nous sommes appelés l’Agora
des Habitants de la Terre
parce que nous croyons que nous devons penser et agir ensemble en
tant qu’Habitants de la Terre – et pas seulement en tant que
citoyens italiens, brésiliens ou chinois, russes, indiens, nigériens
…- pour modifier le devenir de la vie de la Terre et le sortir de
l’état critique auquel nous l’avons réduit, après plus d’un
siècle d’exploitation économique prédatrice et de guerres
dévastatrices
Nous
nous sommes rencontrés en poursuivant des objectifs différents,
convaincus que la pluralité des chemins est la condition
indispensable pour permettre à l’Humanité de devenir un sujet
juridique et politico-institutionnel public, clé pour un vivre
ensemble pacifique et juste entre tous les Habitants de la Terre, et
pour la sauvegarde et le soin de la communauté globale de la vie de
la Terre. Nous pensons interpréter le sentiment profond de tous les
groupes, les associations et les mouvements qui croient que le
devenir de la vie sera encourageant dans la mesure où nous serons
capables de nous reconnaître mutuellement, d’avoir l’envie de
vivre avec l’autre et, ensemble, co-opérer pour le bien-être de
toutes et tous.
Ce
furent trois belles et passionnantes journées de rencontres, idées,
débats, moments musicaux, chansons et propositions, pourtant avec la
conscience que les inégalités entre les personnes, les communautés
humaines, les peuples, restent structurellement graves,
inacceptables. Et ceci au-delà d’une certaine amélioration des
conditions de vie de la population mondiale (augmentation de
l’espérance de vie).
La
force de la rencontre a été la conviction que ni l’inégalité et
ses deux conséquences principales, la guerre et l’appauvrissement
/exclusion, d’un côté, ni la destruction de la vie de la Terre,
de l’autre, ne sont des phénomènes « naturels »,
inévitables.
Il
est possible de changer de route à condition d’avoir l’audace de
réaliser les mutations radicales nécessaires. Croire que l’on
puisse « changer » sans changer les principes fondateurs
tant du système économique dominant accapareur et prédateur de la
vie, que du système politique guerrier centré sur la souveraineté
des oligarchies nationales, est une pure illusion. Les faits
confirment qu’on n’a jamais sauvé la paix par les guerres ni,
ces dernières années, la vie et l’économie de la Planète en
sauvant les banques à coup de dizaines de trillions d’euros
prélevés au détriment des plus pauvres.
Comme
nous en avions l’intention, nous avons élaboré ensemble et
approuvé la Charte
des Habitants de la Terre pour un Pacte de l’Humanité.
Elle montre que l’audace des changements est un acte de grande
sagesse commune humaine et politique. Le devenir de la vie,
aujourd’hui en grand danger d’existence, sera sauvegardé par
l’esprit de créativité utopique dans la pluralité de visions et
de compréhensions, et de responsabilité collective, dans la
fraternité planétaire.
C’est
dans cet esprit que nous avons divisé en deux parties le rapport des
résultats de l’Agora :
-
La Charte des Habitants de la Terre, en tant qu’expression de la créativité utopique
de la pluralité des chemins
suivis et des modes d’existence ;
-
Vers un Pacte de l’Humanité, en tant qu’articulation concrète de la responsabilité collective des êtres humains pour la vie de la Terre, « lieu de vie » commun de tous ses habitants.
Préface
L’Agora
a comporté trois phases.
La
phase préparatoire au cours de laquelle se sont constitués 13
groupes de travail en Allemagne, Argentine, Belgique, Brésil, Chili,
France, Italie, Québec/Canada.
La
phase de l’Agora lui-même, de la durée de trois jours, à partir
de moments de fête, suivis par la présentation et la discussion
des rapports rédigés par les 13 groupes de travail, plus les
contributions des Communes sur la Carte d’Identité « Habitant(
e) de la Terre » et autres apports en séances parallèles ou
plénières, parmi lesquelles une séance spéciale dédiée à
l’eau.
La
dernière est celle de la rédaction collective par e-mail de ce
document.
Les
documents cités ci-dessous font partie du « patrimoine »
écrit et audiovisuel de l’Agora. L’ensemble est disponible sur
le site de l’Agora http://audacia-umanita.blogspot.com
1.
Le programme de l’Agora
2.
La vidéo-images de POUR (B) avec un fond musical (chanson de Leon
Gieco, En el pais de
la libertad).
3.
Le message de Mikhaïl Gorbatchev aux participants de l’Agora (en
anglais, italien, français et espagnol)
4.
Les rapports des 13 groupes de travail pré-Agora (dans la langue
d’origine et, pour plusieurs d’entre eux, aussi dans les autres
langues de travail de l’Agora)
5.
Le compte-rendu de la session plénière du 14 décembre matin (en
italien, français, espagnol et anglais)
6.
La note sur l’initiative Carte d’identité « Habitant-e de la
Terre » (et copie des délibérations des Communes adhérant à
l’initiativ,e approuvées avant l’Agora)
7.
Le CD contenant les interprétations musicales de Maria Palatine.
Copie des textes lus par Bernard Tirtiaux
8.
La description de Jai Jagat 2020, de Stop Arms Trade, des deux
propositions de « Democracy without Borders »
9.
La copie des photos de l’exposition de Chiara Sibona sur « Epaules
et mains » sur le travail des femmes
10.
L’Appel aux
consciences promu
par « Dialogues en Humanité » et présenté par Patrick
Viveret, auquel l’Agora a adhéré (en français, espagnol,
anglais, italien).
PS.
L’ensemble des travaux en séance plénière de l’Agora a été
vidéo enregistré et est disponible sur demande, moyennant une
petite contribution.
A.
LA CHARTE DES HABITANTS DE
LA TERRE
Imaginaires,
visions e consciences
-
La vie, la terre, les habitants
1.
En tant qu’êtres vivants - êtres humains et les autres espèces
vivantes (monde microbien, végétal, animal) - nous
sommes tous « Habitants de la Terre ». La Terre est notre
« lieu de vie » (oikos), notre maison commune.
La Terre est l’ensemble infiniment varié des lieux où les êtres
vivants ont l’habitude
de vivre (le mot
« habitant » vient
de « habitus »),
qu’il s’agisse de la campagne ou de la montagne, de forêts
tropicales ou de zones désertiques, de zones marines ou lacustres,
de villages ou de grandes métropoles.
2.
L’habitude de
vivre dans un ou
plusieurs lieux de la Terre signifie que l’une des caractéristiques
des Habitants de la Terre est d’avoir dû apprendre et de devoir
continuer à apprendre
à s’habituer
à vivre ensemble
non seulement, en ce qui concerne notamment les êtres humains, dans
des lieux de voisinage et de proximité directe (« chez moi »)
mais aussi dans des lieux éloignés et « étrangers »
aux multiples
échelles de la Terre (
« la grande maison de tous les milliards de personnes inconnues
et différentes que je ne connaîtrai jamais »).
3.
Dans les deux derniers siècles et demi, spécialement, la Terre est
devenue la maison où habitent pour de longues ou courtes périodes
de vie, des femmes et des hommes provenant de tous les coins du
monde, créant des « communautés
d’Habitants de la Terre pluriculturelles, multilingues,
pluri-religieuses, multiethniques »,
dont la vitalité et la beauté se trouvent justement dans la
pluralité, le mélange, les entrelacements.
4. Les
êtres humains ne sont pas les seuls Habitants de la Terre. Ils
ne sont pas non plus les premiers à y vivre.
Comme les autres espèces vivantes, les êtres humains sont le
résultat de l’évolution de la vie de la Terre. On pense que les
premières traces de vie sur la Terre datent d’il y a 3,7 milliards
d’années, d’abord dans l’eau et puis, après des centaines de
millions d’années, sur la terre ferme. L’espèce
humaine est parmi les espèces vivantes les plus récentes.
Nous, les êtres humains, habitons la Terre, estime-t-on, depuis
200.000 ans (il y a peu, on parlait même de 25.000 ans seulement).
5.
Aucune espèce
vivante, que ce
soient les baleines, les forêts primaires, l’espèce humaine ou
une partie, ne
peut être exclue du fait d’habiter la Terre, d’y vivre en bon
état existentiel, écologique.
Ceci est le vrai sens profond historique des luttes contre les
actions qui sont à l’origine de l’extinction d’espèces
vivantes (cas emblématique des abeilles). Par conséquent, ill n’y
a aucun pouvoir « naturel » ou « acquis » qui
puisse légitimement interdire à un être humain ou une communauté
humaine d’habiter la Terre en dignité et égalité de droits et de
façon responsable. Pour cela, exclure,
séparer, mettre en danger de mort des groupes et des catégories
humaines, même par des lois approuvées par des Etats, doivent être
traités comme des actes criminels
à condamner sans compromis. Ces dernières années la
criminalité légalisée des
dispositions législatives et des mesures gouvernementales et
administratives a augmenté considérablement dans le domaine
financier et le traitement des ressources naturelles et, surtout ,
concernant les immigrants.
6.
Aujourd’hui, l’être
humain est doublement exproprié de son humanité.
D’abord, en
tant que citoyen,
car l’Etat (dit « national ») a fait du/la citoyen/ne une
propriété patrimoniale réservée. On est « citoyen »
seulement si un Etat y ajoute un attribut « national » :
italien, allemand, russe, américain, éthiopien, chinois. Sans cet
attribut, personne n’est considéré un vrai citoyen, titulaire de
droits et de devoirs (voir le cas des « gens du voyage »
et des migrants en recherche d’un nouveau lieu de vie).
Deuxièmement, en
tant que personne,
parce que le système économique dominant, la société capitaliste,
considère chaque être humain comme une « ressource »
pour l’économie, dont la valeur est déterminée en fonction de sa
contribution à la création de plus-value pour le capital investi ou
de rente. Un être humain qui n’est pas citoyen/ne de propriété
d’un Etat et n’est pas une ressource rentable sur le plan
économique financier réunit les conditions les plus efficaces pour
être/devenir un exclu de la vie. Libérer
la vie des êtres humains de ces tenailles constitue un des premiers
pas urgents à accomplir sur le chemin de la construction de
l’humanité.
7.
Pour «
vivre ensemble » entre eux, et entre eux et les autres
Habitants de la Terre, les humains ont besoin de définir et
appliquer des règles justes et promotrices du « buen vivir ».
C’est banal à
dire, mais l’histoire de la vie de la Terre a montré que plus la
vie entre les humains est marquée par la recherche et concrétisation
de formes relationnelles de coexistence non violentes et
« inclusives », plus les rapports entre les êtres
humains et les autres espèces vivantes sont harmonieux. Preuve en
est l’évolution de la pensée juridique et des pratiques de la
jurisprudence de la part des sociétés humaines passées d’une
vision strictement anthropocentrique, conquérante, de la vie à une
vision holistique biocentrique incluant la totalité des êtres
vivants (espèces microbiennes, végétales, animales, humaines )
n’en déplaise aux primatistes mâles blancs ! D’où
l’émergence et le développement depuis peu des droits des
animaux, des plantes, de la « nature » stricto sensu dont
la reconnaissance, à partir de 2017, de la personnalité juridique
accordée à cinq fleuves (en Asie, Océanie et Amérique latine…)
constitue une nouveauté remarquable, porteuse d’avenir.
-
Contrastes, inégalités, luttes, recherche d’identité et de sécurité
8.
Depuis presque 50 ans,
la rapide
globalisation de l’économie capitaliste de marché dominante, et
les profonds changements concomitants sur le plan scientifique et
technologique, ont bouleversé les imaginaires du monde et de la vie.
Les nouvelles
références de base
imposées par les groupes sociaux au pouvoir ont changé « la
manière de voir le monde » : tout ou presque a été
marchandisé, mercantilisé, technologisé, privatisé, monétisé.
Aucune forme de vie n’y a échappé. Mais, la monnaie n’est plus
publique. Les marchés financiers ont le pouvoir politique réel, pas
les gouvernements et encore moins les parlements élus. Le devenir
est décidé par les « patrons » des technologies
informatiques et biogénétiques. Le monde est dans les réseaux web,
dans la réalité virtuelle, dans les villes globales. Tous sont en
convulsion informatique et en « transition » énergétique
et écologique, mais en lutte pour leur survie, la « grâce »
(être compétitif), et la puissance. La violence, dans ce qui touche
la vie dans son plus profond, est toujours plus répandue,
capillaire, universelle. Les conflits et les exclusions réciproques
se multiplient. Personne ne veut être tenu à l’écart de la
globalisation, la sienne, mais les plus aisés prêchent l’innovation
de qualité locale, les solutions locales, la sécurité nationale,
et bien sûr, prônent l’impératif de la résilience, manière
élégante pour dire que le futur appartiendra à ceux/celles qui
auront réussi à survivre aux conditions de vie plus difficiles et
contraignantes, à savoir les plus riches et puissants notamment sur
le plan financier et technologique. Cependant personne n’est
rassuré. Vieux et jeunes, puissants et faibles ont peur du futur,
au-delà des échappatoires « fluides » qu’ils se
donnent. Il y a ceux et celles qui ferment les frontières,
construisent des murs gigantesques, empêchent les migrants d’accéder
aux ports, mais créent de nouveaux km² de surface pour accueillir
par milliers par jour les containers du monde, et il y a ceux/celles
qui crient la primauté des blancs et jurent sur la vérité de leurs
dieux.
Mais,
de l’autre côté,
il y a aussi celles et ceux qui sont toujours en marche pour la
justice et la paix, dans tous les continents. l y a les femmes, en
particulier indiennes et sudaméricaines, en lutte contre toute
forme de violence, des millions de jeunes mineurs d’âge qui
protestent contre les armes, en particulier aux Etats-Unis contre la
barbarie du port libre d’armes à feu, Il y a les paysan(ne)s
asiatiques, africain( e)s et latino-américain( e)s qui se battent
pour une transformation radicale des rapports avec la Terre-Mère.
Des millions de citoyens manifestent dans les rues leur opposition à
la destruction de la vie de la Planète et se révoltent contre la
violence aveugle de la finance mondiale prédatrice qui s’oppose à
toute mutation radicale écologique qui ne soit pas celle définie
et orchestrée par les investisseurs privés selon l’impératif de
la rentabilité immédiate la plus élevée, attrayante. Il y a enfin
les « travailleurs pauvres » du monde entier qui
dénoncent avec force les nouvelles formes d’esclavage auxquelles
ils sont condamnés. L’Agora
des Habitants de la Terre a clairement choisi son camp :
nous sommes de cet autre côté.
9.
Et on
constate le
sentiment de plus en plus répandu d’inacceptation, de refus, des
formes les plus étendues et denses de l’inégalité
qui, au-delà des inégalités de revenu, divisent et fragmentent les
êtres humains, l’humanité, sous tous les aspects, en particulier
par rapport à la dignité, aux droits, à la responsabilité, à la
liberté, à la démocratie. Cela se produit aussi parce que les
êtres humains ont pris conscience des nouvelles spécificités de la
condition humaine dans le cadre des récentes évolutions de la vie
de la Terre ainsi que de leur propre rôle dans le devenir de la vie.
-
Les trois consciences et nouvelles visions constituantes
10.
Dépassement de l’anthropocentrisme.
Depuis quelques siècles, les êtres humains ont cru constituer non
seulement une espèce vivante distincte et différente de toutes les
espèces vivantes, mais aussi représenter une espèce supérieure,
au bien-être de laquelle toutes les autres sont soumises et
instrumentales. De là, la séparation/opposition entre l’être
humain (« l’homme ») et la « nature ».
Aujourd’hui la distinction demeure mais nous avons acquis la
conscience de
faire partie intégrante de la vie de la Terre, d’être partie de
la nature, nous sommes la nature ,
nous partageons , en particulier avec les animaux, une partie
importante de notre patrimoine génétique. Il est bien et bon de
répéter que nous
constituons avec les autres espèces vivantes la communauté globale
de la vie de la Terre . La
communauté globale de la vie est une conception innovante dans tous
les domaines. Sur le plan de l’organisation sociétale du vivre
ensemble, par exemple, elle nous conduit à entrer dans une
perspective historique de l’institutionnalisation
juridico-politique de cette « communauté ». Quand on
parle de « protéger » ou « sauver » la vie,
on parle de la vie et des lieux d vie de tous les Habitants de la
Terre. Dès lors, si l’éco-nomie est l’ensemble des « règles
de la maison », il est clair que l’économie mondiale
actuelle doit être modifiée à la racine car elle n’est qu’un
ensemble de règles, fondées sur l’inégalité, l’injustice, la
compétitivité, la guerre, l’exclusion, imposées au reste de la
population mondiale par des oligarchies « locales »
fussent-elles américaines ou chinoises ou allemandes.
11. L’ère de
l’anthropocène. Il est évident pour nous que, depuis la fin
du XIXe siècle, la vie de la Terre est entrée dans l’ère de
l’anthropocène , c’est-à-dire une ère où le devenir de la
vie est toujours plus influencé de manière déterminante par les
activités humaines. Nous avons surtout compris, en particulier,
suite à la conception et à l’usage de la bombe atomique et de la
non-soutenabilité de nos modes de vie prédateurs, que
l’humanité est
la seule espèce vivante capable de tout bouleverser, et provoquer la
destruction de la vie de la Terre dans son intégrité et totalité.
Une évidence qui a mis en cause nos conceptions et pratiques
collectives du progrès, du développement, du bien-être, de la
richesse, de l’économie dominante, de la guerre, des inégalités.
Or, cette ère est en train de provoquer le rejet et l’opposition
violente de la part d’une partie importante des oligarchies
« locales » mondiales qui ont dominé jusqu’à présent.
Celles-ci n’aiment pas que leurs intérêts et pouvoirs soient
menacés, voire diminués par de nouvelles oligarchies « locales »
mondiales. Ce qui explique à la fois les phénomènes derrière
Trump et Bolsonaro, malgré la grande diversité de contextes et de
situations, ainsi que l’explosion des souverainismes racistes et
classistes à la Orban, Salvini, mais aussi en Inde et d’autres
pays asiatiques et africains.
12.
L’impératif
de la sécurité et de la responsabilité planétaire. Capable
de tout bouleverser, et de provoquer la destruction de la vie de la
Terre, l’humanité est aussi devenue, par conséquent, consciente
d’être aussi
la seule espèce vivante capable d’en assurer la sauvegarde, le
soin, la pérennité et, donc, d’en assumer le devoir, en tant que
sujet primaire responsable au niveau planétaire.
Si dans le passé, seuls les poètes, les artistes. les philosophes,
les visionnaires (au masculin et au féminin) ont pu parler de
responsabilité universelle, éthique globale, éthique planétaire,
aujourd’hui tous et chacun des Habitants humains de la Terre
peuvent , doivent, le faire. Pas seulement en parler, mais surtout
agir pour construire
la capacité effective de l’Humanité d’œuvrer pour un autre
devenir de la vie au nom de, par, avec tous les Habitants.
La
destruction de la vie de la Terre n’est pas seulement une question
de survie de l’existence biologique des espèces vivantes. Les
facteurs destructeurs du vivre ensemble entre les êtres humains sont
étroitement liés dans des relations mutuelles de cause à effet aux
fala créativité » individuelle et collecitf dans un esprit
cteurs destructeurs de la vie tout court. Si bien que nous avons
compris qu’il est fondamental d’admettre que l’impératif
primaire de l’Humanité et de sa responsabilité planétaire est de
sauver la vie de la Terre en éradiquant- mais réellement - en même
temps les inégalités , l’appauvrissement de milliards de
personnes, les injustices, la guerre, la violence entre les êtres
humains. Sans
une telle éradication, la survie de la vie ne sera pas la survie du
vivre ensemble et risque de se transformer dans un grand système
d’apartheid humain planétaire où une nouvelle espèce, dite
post-humaine, assumera le pouvoir de fixer le sens de la vie.
13.
Tout ce qui précède est évidemment lié à l’éducation,
qui ne se réduit pas, comme c’est le cas actuellement, à la
formation aux
savoirs et aux compétences. Une
éducation des enfants et des jeunes mais aussi des adultes visant à
développer une conscience et une pensée critiques afin de faire
sortir (du latin « ex ducere ) la créativité individuelle et
collective dans un esprit orienté vers le partage, comme la
philosophie ubuntu enseigne, et non vers la suprématie et
l’aristocratie (le pouvoir des « meilleurs ») comme
les « business and management schools » enseignent.
Une éducation dont le lieu de vie va au-delà des bâtiments
scolaires et devient aussi les rues, les espaces publics, la maison,
les usines remplies d’intelligence artificielle, les hôpitaux, les
banques. Lors des travaux de groupes, notamment les quatre premiers
groupes, ainsi qu’au cours de l’Agora, le système d’éducation
prédominant a fait l’objet de critiques sévères car il demeure,
malgré les changements intervenus, un instrument de reproduction et
de maintien des inégalités, il légitime la guerre et la propriété
privée, il exalte la compétition et le succès individuel, il
valorise l’utilité des choses, tout en usant un langage
apparemment à l‘opposé. Les Habitants de la Terre ont le devoir
de promouvoir, au-delà du droit d’accès, une éducation
publique, republicisée. La privatisation de l’Université,
notamment, est néfaste. Elle induit les nouvelles générations à
croire que la connaissance est un bien/service économique, une
marchandise, un moyen de survie à la place des autres. Les enfants
de l’humanité en formation ne doivent pas être « éduqués »
à reproduire les adultes d’aujourd’hui mais devenir des nouveaux
habitants de la terre capables d’être les protecteurs et les
curateurs de la communauté globale de la vie.
B. VERS UN PACTE DE
L’HUMANITE
Principes
fondateurs et processus constituants
A
Sezano, on a vécu dans une atmosphère d’« assemblée
constituante », toutes proportions gardées. Il ne s’agissait
pas seulement de « ne pas se rendre » face aux dévastations
en cours ni, à l’opposé, de se laisser aller au « bonisme »
mystificateur de « soyons positifs ».
Nous
avons travaillé avec l’intention de définir les objectifs, les
moyens et les modalités d’actions précises, concrètes, même si
leur réalisation ne sera ni facile ni rapide, de nature
« constituante ». En bref, dessiner le schéma de ce que
pourrait/devrait devenir un Pacte de l’humanité », un
nouveau contrat social mondial.
Pour
nous, l’enjeu était : comment
contribuer à configurer et mettre en mouvement les processus
capables de permettre à l’Humanité de devenir au cours des
prochaines années/décennies le sujet juridique et
politico-Institutionnel seul capable d’assumer, comme nous l’avons
vu précédemment, la tâche d’assurer la sauvegarde, le soin et la
pérennité de la vie de la Terre ) l’échelle planétaire au nom
de, par et avec les Habitants de la Terre. Nous y avons répondu en
mettant en route une « constituante permanente », l’Agora
des Habitants de la Terre, un mouvement en formation sans remparts ni
murs, mais migrant d’un lieu à l’autre par des « tentes »,
réelles et métaphoriques, ouvertes.
Nous
avons articulé ce qui a émergé des travaux de l’Agora autour de
quatre
groupes de principes fondateurs et de processus constituants (PPC) :
-
PPC1 Pour un devenir de la vie de la Terre fondé sur la sacralité et la gratuité de la vie et la responsabilité de l’humanité
-
PPC2 Eradiquer les facteurs structurels générateurs de l’inégalité dont l’appauvrissement/exclusion constitue le plus grand vol da la vie
-
PPC3 Remplacer les logiques de guerre par les logiques de la sécurité collective et du pouvoir réparti entre tous les Habitants de la Terre (directement entre les humains et par la représentation via l’Humanité)
-
PPC4 Premiers instruments opérationnels au service de la mise en mouvement de la conception et de la réalisation du Pacte de l’Humanité
PPC1
Pour un devenir de la vie de la Terre fondé sur la sacralité et la
gratuité de la vie et la responsabilité de l’humanité
La
référence à la
sacralité de la vie
a été fortement présente et unanime contre les processus répandus
dans tous les coins du monde de marchandisation et marketisation de
toute forme de vie, et qui ont abouti en 2012 au 3e Sommet de la
Terre à Rio de Janeiro à la reconnaissance, de la part des
dirigeants de la communauté internationale exprimée par l’ONU, de
la nécessité de la « monétisation de la nature »
(« nature
pricing »,
« nature
banking »).
La vie a une valeur en soi qui ne peut ni ne doit être mesurée en
termes monétaires. La
domination actuelle de l’avoir sur l’être est inacceptable.
Dans ce contexte, il n’y a aucune place pour une
spiritualité effective intégrale de l‘esprit et du corps humain,
principe discuté et proclamé au cours de l’Agora également comme
fondement inévitable pour l’élimination des inégalités de
genre.
Ces
inégalités ont fait l’objet d’interventions de grande valeur
sociale et politiques, non seulement humaine et morale. Le fossé
entre les paroles et la réalité reste inacceptable. Il est
nécessaire de se libérer de l’esclavage au corp utilisé par les
hommes et les femmes pour des raisons différentes en tant que moyen
de lutte/domination. Loin de s’affaiblir, la marchandisation de la
femme tend à s’accentuer et ainsi la violence entre les genres,
quasiment toujours au détriment des femmes. Les primatistes mâles
blancs sont parmi les principaux acteurs qui opèrent contre
l’humanité, mais les indifférents n’ont rien à leur envier. La
solution ne passe pas principalement par l’élimination des
obstacles à la « parité d’accès », mais par un
changement à la racine de la vision humaine des femmes que les
hommes ont imposé aux femmes et à eux-mêmes. Il
faut agir en priorité non pas en faveur des « différences
réelles dans l’égalité de principe » mais « pour
l’égalité réelle dans les différences de principe ».
Etroitement
lié à la sacralité de la vie, à ne pas confondre nécessairement
avec les visions religieuses de la vie, et st le principe de la
gratuité de la vie. A
Sezano, on a affirmé que la gratuité
ne signifie pas
absence de coûts monétaires et non-monétaires pour les biens et
services publics essentiels pour la vie, garantis à tous en tant que
droits. Cela signifie que, dans l’attente des transformations
nécessaires vers la dé-monétisation et la « dé-marketisation »,
la prise en charge desdits coûts est assurée par la collectivité
via la fiscalité dans le cadre du budget public. Les
coûts des droits humains et sociaux font partie de la res publica
et de la responsabilité collective.
Dès lors, nous affirmons l’urgence
de la dé-monétisation et de la dé-marketisation , pour commencer,
des biens communs mondiaux publics essentiels pour la vie, à savoir
l’eau, les semences et la connaissance.
Laisser au marché, en particulier, aux marchés financiers, le
pouvoir de décision sur lesdits biens a été une des plus graves
erreurs collectives des dernières décennies.
Dans
cette perspective, il devient péremptoire de promouvoir
l’institutionnalisation
de l’humanité en tant qu’acteur clé du devenir de la vie au nom
de tous les Habitants de la Terre.
Selon les travaux préparatoires de l’Agora (« Quelle
humanité ?» « A quoi pensent les citoyens quand
ils parlent d’humanité ?» « Quelles sont les
paroles clé pour parler d’humanité ?»)
la tâche de
l’humanité institutionalisée sera faire du vivre ensemble
pacifique et juste le principe guide du devenir de la vie,
en substitution de l’impératif de la compétitivité
techno-économique pour la croissance , la puissance et sa propre
survie.
A
cette fin, dans le sillon des analyses et propositions mises en
lumière par le groupe de travail 5, nous proposons la mise
sur pied d’un système de justice sociale mondial fondé sur des
réseaux publics locaux de protection sociale obligatoire
interconnectés à l’échelle planétaire sous l’autorité
partagée du Conseil Mondial de la Sécurité Monétaire.
(voir aussi PPC2)
Pour
compléter ce premier groupe de PPC, il faut, enfin, accomplir un
grand pas symbolique, de haute valeur politique et sociale,
c’est-à-dire : l’attribution
de la part des Communes (Collectivités locales) de la Carte
d’identité «Habitant( e) de la Terre » à tous leurs
habitants, sur demande.
Cette condition est importante car elle implique une démarche
volontaire forte de la part de chaque citoyen et familles, exprimant
ainsi l’adhésion à l’idée et le souhait en faveur de son
universalisation. Ce qui oblige les Communes à s’engager
ouvertement, par tous les moyens à leur disposition, pour la
réussite populaire de l’initiative. Le fait que 10 Communes,
grandes et petites, aient déjà donné leur adhésion par
délibération communale avant même l’Agora devrait constituer une
excellente incitation à transformer une idée en un fort mouvement
citoyen municipal, transnational, mondial.
Les
10 Communes sont : San Lorenzo (Argentine), Palau Saverdera
(Catalogne/Espagne, Canegrate, Fugarolo Rocca, Fumane, Ottavo
Municipio di Roma, Sommacampagna, Riace (Italie), Lisbona (Portugal)
et La Marsa (Tunisie). Certains maires, ou représentants, étaient
présents (Canegrate, Ottavo Municipio di Roma). Les maires des
autres Communes, empêchés, ont confirmé leur engagement par des
messages. Une excellente nouvelle à ce sujet : le maire de
Lisbonne, dans son message, a également annoncé la disponibilité
de sa ville à accueillir un des prochains événements de l’Agora
des Habitants de la Terre.
PPC2
Eradiquer les facteurs structurels générateurs de l’inégalité
dont l’appauvrissement/exclusion constitue le plus grand vol da
la vie
Le
second champ d’action prioritaire concerne l’inégalité nourrie,
au plan des visions et des pratiques collectives, par les thèses sur
sa « naturalité » et, donc, son « inévitabilité »,
et le système économique dominant. Pour les participants à l’Agora
l’inégalité n’est ni naturelle ni inévitable, elle est le
produit social des sociétés injustes . C’est pourquoi, on peut en
modifier et éliminer les facteurs structurels. Parmi ceux-ci, et
certainement parmi les plus importants et déterminants à notre
époque , il y a le droit de propriété intellectuelle privée du
vivant rendu licite en 1980 par la Cour Suprême des Etats-Unis et,
en 1998, par l’Union européenne. La
brevetabilité du vivant doit être abolie, tout comme doit l’être
la brevetabilité privée des algorithmes dans le domaine de
l’intelligence artificielle.
En l’absence de cette double élimination, dont l’indispensabilité
a été exprimée avec force et conviction à Sezano, il est
impossible de lutter contre les facteurs de l’inégalité
représentés par la marchandisation, la marketisation, la
privatisation , la monétisation et financiarisation de la vie et,
donc, des droits à la vie. En outre, aucun progrès significatif ne
sera réalisé sur le plan du « développement durable »
et la lutte contre les causes du réchauffement de l’atmosphère
terrestre si le droit de brevetabilité privée du vivant est
maintenue. Brevetabilité du vivant, privée, à but lucratif et
développement durable sont essentiellement incompatibles.
Logiquement, en même temps
que l‘abolition de la brevetabilité privée du vivant et de
l’intelligence artificielle, l’Agora a adopté la proposition de
la création du
Conseil de sécurité des biens communs mondiaux publics ,en partant
de l’eau, des semences et lde a connaissance.
Ce Conseil est d’une importance capitale. Au cours des 24 COP
(Conference of Parties) organisées par l’ONU chaque année depuis
1993, les progrès accomplis ont été insignifiants si l’on
compare aux énormes moyens humains et financiers que les
« responsables mondiaux » ont mobilisés à cette fin.
Pourquoi ? Surtout à cause du principe
de la souveraineté nationale sur les ressources naturelles et
du principe annexe, à savoir l’obligation pour chaque Etat
d’assurer et promouvoir la
sécurité nationale
(énergétique, agricole, hydrique, extractive).
Ainsi, par
exemple, il n’y a aucun plan mondial chiffré commun définissant
les engagements de chaque Etat. Chaque Etat fixe librement ses
engagements supposés contribuer à atteindre l’objectif de
maintenir au-dessous de 2 degrés l’augmentation moyenne de
l’atmosphère terrestre. En outre, comble de la mystification, les
Etats ont abandonné leur souveraineté sur les ressources naturelles
car, en grande majorité, ils en ont vendu la propriété et/ou
transféré la gestion et le contrôle, à des entreprises privées
(et, donc aux marchés mondiaux, notamment financiers). Enfin, au nom
de la « sécurité nationale », tous les Etats donnent la
priorité à « l’impératif » de la compétitivité de
l’économie « nationale » sur les marchés mondiaux
d’où les guerres permanentes pour le contrôle des ressources et
l’abandon de tout soucis concernant la sécurité collective de la
vie de la Terre.
Les
propositions (abolition de la brevetabilité du vivant et des
algorithmes, et création du Conseil de sécurité des biens communs
mondiaux publics) peuvent avoir une chance d’être réalisées à
condition que soient modifiées les logiques qui inspirent les
finalités et le fonctionnement du système financier de l’économie
dominante.
C’est une mystification délibérée, affirmer et faire croire à
la population mondiale que plus les investisseurs privés mondiaux
sont mis en condition d’être les principaux libres financeurs,
avec le soutien des pouvoirs publics, de la conversion écologique,
dont la transition énergétique serait la clé, plus les
perspectives mondiales favorables au développement durable seront
bonnes. Les quarante dernières années ont montré que c’est faux.
C’est pourquoi les
propositions suivantes concernant la mutation du système financier
existant ont
été considérées prioritaires par l’Agora :
-
mettre hors-la- loi les paradis fiscaux qui légalisent l’évasion (mesure indispensable pour construire une justice fiscale réelle), les produits dérivés (sangsues de l’économie) et les transactions financières à haute fréquence (qui opèrent au millionième de seconde, hors temps humain et social)
-
créer la Banque Publique Mondiale (BPM), en remplacement de la Banque mondiale actuelle et du FMI, instruments clé du système financier en place et, donc , coresponsables des désastres liés à la marchandisation, privatisation et financiarisation de l’économie et de sa globalisation. La première fonction de la BPM sera de mettre en place une politique publique mondiale de soutien financier aux besoins des Habitants de la Terre sans endettement usurier. C’est dire, mettre fin aux principes, règles et mécanismes qui ont créé depuis les années ’70, l’endettement général, public et privé, envers les sujets financiers privés. Cet endettement représente un phénomène anormal et illégitime, enfanté par les oligarchies dominantes foncièrement accaparatrices et prédatrices de la richesse de la Terre et de ses Habitants. La Banque Publique Mondiale et le Conseil Mondial de la Sécurité Monétaire , sous la tutelle duquel la BPM sera mise, seront créés dans le cadre d’une conférence mondiale spéciale de ONU sur la finance mondiale, voire même d’une Initiative Mondiale des Habitants de la Terre à laquelle participeraient toutes les forces sociales expressions des instances publiques. Il s’agit d’un processus qui doit être mis en mouvement rapidement.
-
L’eau hurle : à bas les armes, à bas les produits toxiquesAppel du 15 décembre 2018. Agora des Habitants de la terreQui sait pour combien de milliards d’êtres humains aurait pu se concrétiser le droit universel à l’eau potable et à l’hygiène (et par conséquent à la santé) si dans les années 1975-2000 le monde avait dépensé pour l’eau les dix trillions et plus de $ (un trillion vaut mille milliards) que les seuls USA ont dépensé pour les armes et les guerres ! Et pourtant, encore aujourd’hui les USA et les autres Etats pourvoyeurs de guerre, voleurs de la vie, ont dépensé en 2017 plus d’un trillion et demi pour « s’armer et faire la guerre » ! Point besoin d’ajouter autre chose.Les groupes sociaux dominants qui font approuver apparemment de façon démocratique les dépenses militaires insensées (la Chine a fait exploser , elle aussi, après les USA, la bombe non nucléaire la plus puissante jamais produite jusqu’à présent), et qui continuent, dans les mêmes logiques de croissance de leur puissance, à légiférer en se donnant la liberté de produire et employer des centaines de substances toxiques particulièrement nocives (qui polluent les eaux de la Planète, contaminent le sang des êtres humains et détruisent la santé de la vie de la Terre) sont des marchands de mort, des irresponsables conscients , qui méritent d’être trainés au tribunal pour « crimes contre l’humanité et la vie de la Terre ».Tout aussi inacceptable est le comportement des adorateurs de la technologie (du « technology fix ») qui, au lieu d’assainir les eaux dévastées et protéger les eaux de la Planète qui ne sont pas encore contaminées, rendues inutilisables, pensent à gagner de l’argent sur la peau des morts de soif en promettant de satisfaire les besoins hydriques de tous les Habitants de la Terre « grâce à » la technologie de la transformation de l’air en eau.La Terre se libèrera de la soif d’eau en libérant le devenir de la vie de la Terre de la soumission à la puissance mortifère des producteurs et marchands de guerre ainsi que des « seigneurs » du vivant et de l’arrogante cécité des technocrates et financiers du salut du monde. L’histoire des dernières décennies démontre qu’il n’y a rien à espérer de leur part, si ce n’est d’autres guerres (comme ils l’annoncent) et toujours plus d’« assoiffés à sauver » et de « pauvres à aider ». Ils sont porteurs de soumission, de peur, d’indifférence, de pessimisme cynique. De fait, la puissance de quelques-uns, c’est la négation de la vie.Or, l’eau, c’est la vie. La vie est remplie de situations, expériences, solutions bonnes, appropriées, alternatives. C’est aux Habitants de la Terre qu’il revient d’organiser le vivre ensemble de l’Humanité en mille nouveaux modes de vie à travers le monde, localement et globalement, aussi d’après les principes et les chemins d’action discutés, évalués et approuvés par l’Agora des Habitants de la Terre. Nous sommes convaincus que la justice, la paix et la joie du vivre ensemble font partie du devenir commun.
PPC3 Remplacer
les logiques de guerre par les logiques de la sécurité collective
d et du pouvoir réparti entre tous les Habitants de la Terre
(directement entre les êtres humains et par la représentation via
l’Humanité)
Ré-inventer
les biens communs
mondiaux publics
comme base également d’une responsabilité et d’une politique de
la vie et de la sécurité collective planétaires et, à cette fin,
re-concevoir un système financier au service de la justice sociale
et de la solidarité globale, constituent deux processus essentiels
pour la conception et la mise en œuvre d’un Pacte de l’Humanité.
Un troisième processus consiste à bannir la guerre, le quatrième à
mettre en place des formes démocratiques de gouvernement sans
frontières, à tous les niveaux du local au niveau planétaire, de
et par les Habitants de la Terre. Bref, la démocratisation de la
« communauté planétaire ».
Les
propositions suivantes ont été l’objet de fréquentes
discussions.
En
ce qui concerne la guerre, l’Agora
a été unanime. Il faut :
-
ratifier le traité d’interdiction des armes nucléaires approuvé par 122 pays de l’ONU en juillet 2017
-
stopper le commerce des armes et, dans ce cadre, mettre aussi hors-la-loi les milices privées « en défense » des activités minières et extractives ainsi que de l’exploitation des grandes surfaces forestières. Bien entendu, le port libre des armes doit être sévèrement réglementé. Tout le monde espère que les jeunes mineures américain (e)s réussissent là où les générations précédentes n’ont même pas essayé. (Cfr. Document du groupe de travail 6)
-
comme indicateur concret de la réalisation des deux propositions ci-dessus, réduire drastiquement les dépenses militaires en ré-allouant les ressources financières vers la production et l’accès des biens et des services publics essentiels et indispensables pour la vie de milliards de personnes qui aujourd’hui en sont privés, cas majeur de l’eau (voir l’encadré ci-avant sur « L’eau hurle »).
En
ce qui concerne la démocratisation
de la « communauté planétaire », il est vrai que cela
peut paraître très lointain dans le devenir du monde. Cependant, il
n’est pas dit que, du fait que la démocratisation de la «
communauté européenne » a échoué à présent (on peut
dire de même de la démocratisation de la communauté africaine,
nord-américaine, latino-américaine, arabe…), un nouvel essai
concernant la communauté européenne (et les autres communautés) et
un premier essai à l’échelle planétaire ne puissent conduire à
des changements positifs importants. L’histoire de la
démocratisation est toujours en construction.
Dès
lors, nous proposons :
-
constitution d’un Parlement planétaire, à l’initiative du Parlement européen, du Parlatino (Amérique latine),du Parlement panafricain… à qui confier la tâche d’orienter au nom et pour les droits de tous les Habitants de la Terre les actions communes essentielles et urgentes pour le rétablissement d’un bon état de santé de la Terre. Il s’agirait d’un pas important vers l’institutionnalisation de l’Humanité en tant que telle, au-delà des logiques inter-étatiques et inter-gouvernementales propres au système onusien,
-
réalisation de multiples initiatives de conscientisation, expérimentation et institutionnalisation en soutien de la mise en place d’organismes mondiaux démocratiques « sans frontières » dans tous les domaines du vivre ensemble. Un instrument participatif dans ce sens pourrait être une Initiative Mondiale dei Habitants de la Terre dans le cadre du système ONU d’après le modèle, révisé , de l’Initiative des Citoyens Européens (cfr. Document du groupe de travail 10, https://www.worldcitizensinitiative.org ).
PPC4
Premiers instruments opérationnels au service de la conception et
de la réalisation du Pacte de l’Humanité
Dans
tout exercice de programmation, planification, engagement, il est
nécessaire d’identifier les forces – dans notre cas sociales-
capables de « donner des jambes » aux idées, aux
projets. Les deux dernières propositions sont une tentative de
donner une réponse, partielle évidemment, à cette exigence.
Nous
donnons la priorité, d’une part, aux mouvements de mobilisation
des citoyens, en particulier des citoyens en tant que groupes,
catégories, communautés et, d’autre part, aux institutions
communales, locales.
Nous
songeons ainsi :
-
à l’adhésion, soutien et alliances à/avec les marches mondiales existantes, celles des femmes, la Jai Jagat 2020, les marches des migrants, et à l’extension de leur modèle d’engagement politique et social à d’autres catégories d’Habitants de la Terre (les mères, les enseignants, les jeunes, les filles et garçons….)
-
la constitution de la Journée des Habitants de la Terre le 15 décembre de chaque année avec le soutien et la participation active des Communes/Colletivités locales. La Journée des Habitants de la Terre aura, chaque année un objectif concret précis à atteindre dans le cadre de la mise en route du Pacte de l’Humanité. Lorsque, dans quelques années, les objectifs principaux de la Journée seront atteints, la Journée perdra sa raison d’existence et sera destinée à s’arrêter où à se transformer en une autre initiative au service du Pacte de l’Humanité.
Conclusion
Le
devenir de la vie de la Terre est encore entre les mains
des Habitants de la Terre
des Habitants de la Terre
Nous
croyons avec conviction que les propositions présentées sont
pertinentes, appropriées et faisables. Tout dépendra des luttes
culturelles et sociales qui les accompagneront. L’histoire humaine
est faite de nombreux insuccès locaux, sectoriels et temporaires de
tant de bonnes propositions. Cependant, ce qui reste encourageant
c’est de savoir que l’histoire réussit, tôt ou tard, à
réaliser ce qui pour tant de personnes et institutions, et pendant
de nombreuses années, a été considéré une utopie irréaliste et
irréalisable. Le devenir de la vie est plus riche en créativité
que ce que la raison humaine peut imaginer.
Document
rédigé et approuvé par les participants à l’Agora d’après
une proposition initiale de Riccardo Petrella.
Bonjour :) j'aimerai participer à l'agora 2019. Il me semblait que j'avais vu que cela se passait à Lisbonne en décembre 2019. je ne vois aucune information... aucun lien pour m'inscrire... Merci de me tenir informée Fabienne Delcorps, Habitante de la Terre
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